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Photo du rédacteurPhilippe BRAMI

Hypnose ou dés-hypnose ? La méditation du chocolat...

Dernière mise à jour : 3 oct.

Dans cet article, je vais vous proposer un exercice agréable et tout à fait particulier, à la frontière de l'auto-hypnose et de la pleine conscience. Une invitation à vivre notre vie de façon plus présente et d'en intensifier la saveur.

Une façon aussi de nous déconditionner, de nous dés-hypnotiser du quotidien...



Nos états de conscience ? De quoi parlons-nous ?

Avant de parler de chocolat, parlons d'état de conscience... !


Notre état de conscience est le cadre intérieur dans lequel nous allons vivre, apprécier, ce qui nous arrive. Il détermine donc la qualité de notre expérience.


Il existe de multiples états de conscience.

Pour faire simple, je décrirai brièvement ici 4 niveaux, que nous rencontrons à l'état de veille : la conscience, l'inconscience, la pleine conscience et la "surconscience".


  • La conscience, c'est quand nous faisons les choses en sachant que nous les faisons. Nous pouvons plus ou moins décrire ce que l'on fait avec des mots.


  • L'inconscience, c'est quand nous faisons les choses automatiquement, naturellement, ou encore lorsque nous pensons à autre chose.


  • La pleine conscience, c'est quand nous sommes pleinement attentifs, présents à ce que nous faisons, vivons et aux effets que cela produit en nous-mêmes, sur le plan sensoriel, émotionnel ou physique par exemple.


  • La "surconscience", c'est quand vous vous focalisez sur des sensations physiques, des émotions ou des actions dans l'ici et maintenant ; il y a une forme de concentration, qui a d'ailleurs un effet hypnotique, dans la mesure où nous nous éloignons de la réalité habituelle à ce moment-là.


Bien d'autres niveaux de conscience peuvent exister qui sont hors du champ de cet article.


L'hypnose thérapeutique et l'hypnose quotidienne

Nous parlons de plus en plus régulièrement d'hypnose dans les médias. Comme un état tout à fait inhabituel, voire un peu magique...

Or, nous oublions "les hypnoses quotidiennes" auxquelles nous sommes soumis en permanence ; ce sont les moments où nous sommes conditionnés, les moments où nous faisons les choses sans y penser, automatiquement.

Il y a de nombreux moments dans la journée où nous sommes sous hypnose sans le savoir ; et c'est parfois un problème, lorsque nous ne choisissons pas les messages, suggestions, auxquels nous sommes exposés;

Parfois cela nous influence dans un sens non désiré ou déclenche des réactions ou des habitudes inutiles ou inappropriées.


Pour améliorer certains aspects de notre vie, nous pouvons :

  • faire de l'hypnose pour modifier des conditionnements déjà acquis.

    Dans ce cas, nous faisons appel à notre inconscient pour trouver des réponses en nous-mêmes, clarifier, trier, raviver de bons souvenirs, activer des compétences oubliées etc.


  • être attentifs, présents, de plus en plus conscients de ce que nous vivons au quotidien et opérer ainsi des apprentissages conscients ou un déconditionnement, une déshypnose qui permet de se libérer.

    Dans ce cas-là, la voie du changement est celle de la conscience.


Les deux approches ne sont pas incompatibles, bien au contraire, elles sont complémentaires.


Dans cet article, nous allons nous pencher sur la pleine conscience.


Un exercice de pleine conscience : déguster du chocolat

Voici un exercice qui vous permettra de vivre une expérience de "pleine conscience".


Le mouvement de la pleine conscience est largement répandu en ce moment pour répondre aux problématiques de gestion du stress. Nous parlons également de mindfunness.

En France, l'un des auteurs les plus connus dans ce domaine est probablement Christophe André.


L'exercice que je vous propose aujourd'hui n'est pas nouveau : il peut exister dans de nombreuses disciplines, sous différentes formes.


Je vais vous proposer de manger du chocolat... en pleine conscience.


Si vous n'aimez pas le chocolat, remplacez-le par un autre aliment que vous pourriez voir, sentir, toucher, goûter etc.


Manger un carreau de chocolat peut sembler anodin, banal … et pourtant, en y portant vraiment notre attention, l’expérience peut être plus qu'agréable... passionnante !


Vous pourrez saisir de quelle façon une expérience peut être vécue différemment selon le degré d’attention qu’on lui porte.

La pleine conscience consiste à être présent à notre expérience, à y être attentif.


Il ne s'agit pas de trop réfléchir, d'interpréter, d'évaluer mais simplement d'être présent à l'expérience ; il s'agit de la vivre, consciemment.


Dégustation, top départ !

Voici la version audio de l'exercice pour vous aider à entrer pleinement dans l'expérience.


Audio cover
Dégustation du chocolat sept 24 Audio

Voici la version écrite, dans les grandes lignes :


Choisissez votre chocolat en conscience dans votre placard.


Est-ce votre chocolat habituel ou un chocolat d'une qualité particulière ou encore un chocolat pour les grandes occasions ?


Il peut s'agir d'un chocolat noir et autre, savoureux, biologique ou équitable, ou encore d'un chocolat bon marché, peu importe.


Vous allez commencer par regarder l'emballage, le saisir, vous installer confortablement.


Lorsque les conditions de goûter pleinement cette expérience sont réunies, ouvrez délicatement les emballages protégeant le chocolat (papier extérieur, papier brillant)


Vous pouvez être attentif à l'aspect visuel de l'emballage, aux gestes que vous faites pour le défaire, pouvez être attentif au bruit que cela produit et ainsi de suite


Une fois le chocolat découvert, vous pouvez en sentir l’arôme.

Laissez-vous envahir par le parfum.


Fermez les yeux si cela vous aide.


Préparez-vous mentalement à casser un premier morceau de chocolat


Cassez maintenant un morceau


Laissez votre sens de la vision s'imprégner de l’aspect du chocolat, sa couleur, ses reliefs, en examinant attentivement le morceau.


Prenez conscience des sensations au niveau de vos doigts.


Mettez le morceau sur votre langue et laissez-le fondre


Gardez le morceau de chocolat sur votre langue et laissez-le fondre, en remarquant la tendance à vouloir le sucer ou le croquer.


Appréciez le goût en prenant votre temps


Y a t-il des souvenirs associés à ces goûts, des images ?


Ramenez votre attention quand elle se met à vagabonder si elle vous distrait de l'expérience.


Si vous vous apercevez qu’à un moment votre esprit est distrait par autre chose, ramenez-le doucement à l’expérience du moment présent, à la dégustation de votre chocolat.


Lorsque le chocolat a fondu, avalez-le très lentement et délibérément. 


Sentez-le couler dans votre gorge, voire dans l’oesophage.


Restez conscient des goûts qui continuent d’être présents dans votre bouche.


Répétez l'opération avec le morceau suivant et vivez à nouveau l'expérience 


Notez-vous d'autres détails ? L'expérience est-elle la même ou différente ?


Puis vous pouvez vous arrêter là...

(...ou pas ! A ce rythme, vous mettrez un certain temps à manger toute la tablette !)


 Le nec plus ultra est de réaliser cette expérience avec d'autres personnes.


Constatez si le partage, la relation humaine basée sur une réalité commune, offre une valeur particulière à votre expérience.


Faites un bilan de l’expérience

Comment vous sentez-vous après cette expérience ?


Est-ce différent d'autres dégustations que vous avez faites ?


Le chocolat a-t-il un meilleur goût que si vous l'aviez mangé d'une façon habituelle ?


Que retirez-vous de cette expérience de dégustation consciente ?


Quel effet cela a sur votre forme immédiate, sur vos émotions, sur votre façon de respirer ?


Je vous invite à noter par écrit les effets que vous constaterez lorsque vous dégusterez dorénavant vos repas, en pleine conscience si possible.


Quelques enseignements

Ce type de dégustation nous permet de nous rendre compte à quel point

  • porter vraiment notre attention à ce que nous vivons amplifie la qualité de nos expériences.

  • nous vivons parfois "en pilote automatique", lorsque nous mangeons pas exemple (apprécions-nous pleinement les goûts des aliments ?).


Redevenir conscient de ce que nous mangeons, de la qualité des produits, du plaisir qu’ils nous procurent et de la quantité nécessaire pour nous sentir rassasié, participe à l’amélioration de notre nutrition.


D'ailleurs, plusieurs techniques de dégustation consciente figurent dans des programmes de rééquilibrage alimentaire telles que :

  • la mastication longue,

  • l’incitation à poser ses couverts entre deux bouchées

  • La visualisation des aliments dans l'estomac, etc


Redevenir conscient est tout aussi important dans notre rapport aux autres.

Que ce soit dans les sphères professionnelle, familiale ou intime, la qualité de notre présence amplifie la qualité de nos relations.


Banal de le dire, moins banal de le vivre au quotidien !


Alors, hypnose ou déshypnose ?

Cette dégustation est-elle une expérience d'hypnose ou de déshypnose (déconditionnement) ?

C'est une expérience de déshypnose dans la mesure où elle intensifie notre contact avec le réel et contribue à nous déconditionner, à sortir de nos routines (automatismes).


Cela peut aussi être une expérience d'auto-hypnose si nous nous impliquons tellement dans l'expérience que tout le reste sort de notre conscience. Si nous nous focalisons tellement sur la dégustation du chocolat et "oublions" le reste, il s'agit d'une auto-hypnose.


Un petit clin d'œil aux neurosciences

Cette expérience me fait penser à un phénomène largement connu en neuroscience.

En effet, otre cerveau est programmé pour être plus attentif aux premiers moments d'une expérience ; c'est la fameuse "première gorgée de bière", selon l'expression de Philippe Delerm.


Au-delà de la "première gorgée", il y a un phénomène d'habituation ; selon une loi d'économie d'efforts de l'organisme. En quelque sorte, le corps a compris, il généralise l'information, un signal est envoyé qui indique qu'il est inutile d'être attentif plus longtemps.

Le cerveau a donc besoin de nouveaux stimuli pour maintenir son attention.


Nous savons aussi que l'apprentissage est plus efficace lorsque de nouveaux stimuli sont liés à des connaissances ou des expériences antérieures. En d'autres termes, les nouvelles informations sont mieux retenues et comprises lorsqu'elles sont associées à des éléments déjà connus, ce qui permet de les « ancrer » plus facilement dans la mémoire.

Nous parlons de « l'apprentissage par ancrage », parfois appelée l'effet d'amorçage (priming en anglais).


Une expérience approfondie est donc plus mémorable, transférable, utile, que l'exposition successive à des sujets multiples sans lien les uns avec les autres.

Le zapping ou le scrolling sont des moyens de capter notre attention, d'utiliser nos neurones en les fatigant, avec une satisfaction finalement minime.


C'est à ce moment-là qu'il est important d'élargir notre exploration du moment présent.


Développer la profondeur de nos expériences

Plus vous êtes attentif à des aspects différents d'une même exploration, plus vous donnez de la densité à votre expérience.


La moindre expérience devient ainsi la plus passionnante qui soit !


Les moindres gestes et habitudes routinières sont alors vécus avec davantage de plénitude, d'intérêt et le risque de s'ennuyer s'éloigne.


Appliquée à la relation humaine, amicale, familiale, amoureuse, cette pratique de l'attention consciente renforce la densité de ce que nous vivons et notre qualité de relation avec les autres.


Conclusion : l'attention consciente, nouveau défi du siècle

Le maintien d'une attention consciente devient aujourd'hui un véritable défi, compte tenu des multiples sources de sollicitations et d'interruptions qui se multiplient autour de nous.


De la même façon que nous avons souffert/ souffrons de surcharge pondérale à partir de la seconde partie du vingtième siècle, nous souffrons maintenant de "surcharge neurologique".

Nous nous alimentions de façon peu consciente et chaotique, maintenant nous "bouffons" du contenu à tout-va, sans avoir conscience des effets que cela produit sur nous.


Beaucoup de stimuli de faible qualité auxquels nous prêtons une attention limitée produisent une forme d'obésité mentale (sensation de lourdeur, paresse, et baisse de l'acuité intellectuelle).


La mécanisation du 19e siècle et de la première partie du 20e siècle a produit la sédentarité ; la numérisation de la société risque maintenant de produire une "sédentarité psychique", une paresse intellectuelle en quelque sorte.


Je vous remercie d'avoir maintenu votre attention jusqu'au bout de cet article.


L'expérience que vous venez de faire (ou pas) de déguster un aliment que vous avez choisi, où, quand et comme vous le souhaitez, est une expérience de liberté, de conscience que, je l'espère, vous aurez apprécié à sa juste valeur.


Peut-être sera-t-elle l'une des nombreuses portes qui s'ouvrent vers plus de liberté psychologique.


Je vous encourage, si cet article vous a plu, à y repenser, à en faire un petit résumé ou à en parler à une personne de votre choix.


Vous pouvez même m'adresser un commentaire.


 

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